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Les lignes qu’on n’a pas écrites…

Ceci sera un long tweet en retard…

Pourtant, celles et ceux à qui il s’adresse – le plus directement – bénéficiaient d’une heure de plus aujourd’hui étant donné que l’heure recule pour euxelles au fur et à mesure qu’ils progressent, vers l’Ouest.

Mais à cette heure-ci ils sont sans doute couchés, ayant à se lever tôt pour affronter une autre longue journée de route à travers le Manitoba (principalement, je crois) demain.

Il s’agit de Marcello Vitali-Rosati, mon directeur de recherche, Julie Tremblay-Devirieux, étudiante au doctorat, Erwan Geffroy, H. et A., les amours de Marcello, …

Pour comprendre un peu recherchez sur Twitter #transcan16 entre le 25 mai et le 27 mai 2016 (ou ici)

Mise en contexte autochtone : C’est vital

Alors que j’allais finalement taper la citation de Vers l’Ouest de Kerouac que je jugeais bon d’introduire pour illustrer ce que celui-ci avait pu ressentir au cœur de son périple de trois ans à travers les États-Unis et le Mexique, ma douce est rentrée d’un souper avec des artistes autochtones, dont Kathia Rock et Moe Clark (elle-même originaire de la Rivière Rouge, de la nation Métis à laquelle appartenait Louis Riel), car celles-ci étaient présentes, avec Joséphine Bacon (poétesse innue) et Véronique Audet (chercheuse en musique autochtone actuelle) pour la présentation des résultats d’un rapport intitulé C’est vital, portraits dynamiques de la production culturelle autochtone au milieu urbain au Québec. Anaïs () travaille à la Guilde canadienne des métiers d’art maintenant, après un engagement de 4 ans dans l’OBNL Artial : art et social qu’on avait créé en 2010, et qui était destiné justement à sensibiliser le public québécois à la vitalité (et donc au dynamisme) de la création autochtone au Québec et au Canada actuellement. On a fermé Artial en 2014, pour plusieurs raisons dont la naissance de notre fils, qui aura quatre ans dans un mois. Elle est crevée ces temps-ci, et en même temps ça va mieux que jamais, mais elle a besoin de repos après une soirée bien arrosée, alors elle est allée se coucher tout droit après m’avoir dit deux ou trois mots de la façon dont s’est déroulé l’évènement (une sorte de lancement pour cet important document, qui peut être téléchargé ici sur le site de desti-nations.ca) et que je lui aie déballé les grandes lignes du déroulement de notre soirée à l’inauguration du Skate-parc à Verdun avec F(iston) (ce seront là une part des lignes qui n’auront pas été écrites) et de sa journée au CPE géré par des Autochtones dans le même arrondissement de Montréal. Alors que j’allais compléter l’entrée de la citation de Kerouac que j’avais choisie pour faire écho au fait qu’ils se trouvaient à mi-chemin du trajet qui les conduira vers un colloque de Digital Humanities (Humanités numériques), le grand RV de la Société canadienne qui s’y consacre (CSDH/SCHN) pour 2016, où ils feront état de l’avancée de divers projets et de la signification de celui-là même qu’ils mènent en ce moment (Épuisement de la transcanadienne #transcan16)…

Voir le billet du blog de Marcello pour lire ses réflexions quotidiennes en lien avec ce qu’ils ont vécu http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/

Interruption inopinée

C’est complexe tout ça. Je vais même m’interrompre un instant pour brancher le ventilateur car il a fait 29° à l’ombre aujourd’hui, alors mon iMac sue…

Sheer (chire) sua (sur la) sonance du beat d’l’alangue à Jack K…

C’est pénible de devoir suivre le fil d’une pensée alors que tout concourt à vous rejeter sur le bord du chemin (la chaleur, la fatigue, le fait de devoir prioriser la rédaction du mémoire sans manquer la moindre opportunité de vivre à plein le moment présent). «Sur le chemin» c’est d’même qu’Jack aurait coualé son Road Movie picturesque s’il avait pu aller au bout de son thrill d’écrire dans la langue de ses ancêt’ … Passk’il l’avait entamé dans c’teu langue-là, avec c’teu tit’ là « Sueu ch’min »… Créyiez moi crayez-moé pô… C’est pas moi qui l’invent’ c’tout un saga qui fait râler l’journalis qui a exhumé ces entreprenures de notre cousin d’Nue Ingland. Un dawmned canuck com nuz-aut’ icite au Québec … Mais il était trop pressé de pas se faire dammné l’pion par un aut’ rookie d’l’écriture à tout’allure qui allait ui voler son blend de la TNT dans le texte. Un que je me rappelle pas le nom, mais qui l’a pris de vitess. On the road fut écrit en 1951 et n’a paru qu’en 1957, fort remanié.

Reprise vers l’expulsion de la citation de Sur la route prétexte à ce billet

Fèk, j’reprends ma citation de Kerouac, pis l’une des raisons qui font que j’ai eu besoin d’extendre mon tweet un brin… c’é qu’y aurait pas été clair si j’l’avais prise dans les citations les plus populaires sur Babelio ou si c’était un mix de mon intuition de lecteur invétéré de briques philosophiques et littéraires pis de mon bol de cocu (c’t’une expression, jumpez pas aux conclusions) qui avait fait l’boulot de la dégotter celle-là…

Or c’est pas le cas (option 1), c’est vraiment le pif de mon doigt aidé de la jugeotte de mon oeil qui est allé repérer à vue d’nez yétait où l’milieu (approx) de L’original roll (traduit par Josée Kamoun) avait pu se trouver en faisant le pari qu’il recèlerait la « quintessence » quelque expression éblouissante de l’impression d’être perdu au milieu du chemin, afin que je puisse la sharer sur Twitter pour mes potes de #transcan16. Pis j’suis tombé sur la p. 342 de l’édition Galllimard de Sur la route (coll. « Du monde entier », 2010), et ça se trouve donc (vue l’imposante préface d’Howard Cunnell), à la 220e page de texte sur 385 de ce qui ne l’oublions pas constituait un rouleau fait de feuilles tapées (je veux dire reliées par du scotch tape) et tapuscrites, à l’allure de la mitraillette, comme faisait Steinbeck (et Neil quand il a su écrire  Dean retrouve son vrai nom dans le rouleau original…). Bref, la voulez-vous la sentence : bellavla :

Ma garce de vie s’est mise à danser devant mes yeux, et j’ai compris que quoi qu’on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie.

Jack Kerouac, Sur la route. Le rouleau original, p. 342.

Si je l’ai reproduite ici c’est d’une part qu’il est trop tard pour que mes compagnons du TheoLiNum (Laboratoire de recherche sur les Théories de la littérature numérique) et autres qui suivent leurs pérégrinations scripturales et cybernétiques puissent la lire live… je prie pour qu’ils dorment à poings fermés… partiellement parce qu’elle n’entre pas dans 140 caractères, et puis, comme je viens de tenter de vous le communiquer dans une langue s’inspirant irrévérencieusement du franc-parler de notre fou-brack préféré, j’aurais pas voulu que vous croyiez que j’avais simplement repêché la citation figurant au haut de la liste de Babelio pour cet ouvrage phare des écritures de la route… sans l’avoir lu. Non, je l’ai lu, mais là j’ai juste évalué instinctivement où se trouvait le moment de révélation niché au cœur du roman où le récit se construit et j’ai mis le doigt sur cette phrase là, directement.

Pour quessé fére

Quel rapport avec le projet d’épuisement de la transcanadienne ?

Eh bé !… D’emblée je pense que c’est un projet un peu fou. Ensuite après une première journée où ils ont rallié Kapuskasing («là où la rivière courbe»… ce sera une ligne seulement évoquée), les membres de l’équipe d’explorateurs (appelons-les les épuiseurs) arrivent en pleine forêt d’épinettes, alors c’est là que l’impression d’errer peut susciter des remises en question. Pourquoi nous être mis dans cette situation ? Aussi, j’ai voulu leur renvoyer un reflet de ce que ce sentiment d’être perdu (ou à tout le moins désorienté : voir les tweets #onsaitplusouonest) pouvait provoquer comme affirmation d’une liberté. couv_CVital-rapport-cultautochtone_20160527-Desti-Nations

Image de ligne d’horizon s’apparentant à un échantillon de musique à masteriser         Illustration en couverture du rapport C’est vital.

Troisième pertinence de cette citation : elle a beau avoir l’air pessimiste, ce qui est beau c’est justement qu’il continue, il ne se laisse pas abattre par le fait qu’il est rejeté par lesparents de son ancienne femme, et il nous communique la réflexion qui lui est venue à ce moment-là, et qui fut un passage par lequel il a poursuivi sa route.

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À masques découverts

L’alampe

Je réalise que j’ai omis de mentionner deux des notions qui sont ressorties de la causerie de mercredi – sujet de mon premier billet (qui greffait à la description de l’évènement quelques références et des allusions au temps qu’il faisait en cette soirée de Printemps). Il s’agit des idées de virus et d’élan

Des concepts comme des points d’appui qui nous laissent pantois

La première fut utilisée par Marcello Vitali Rosati pour qualifier l’effet du langage sur notre rapport à la réalité (car les mots auraient un effet démultiplicateur, à l’image des cellules qui composent notre corps – d’où le lien avec la pensée d’Ollivier Dyens relativement à la continuité entre inorganique et organique). La seconde (élan) fut employée, cette fois, par Ollivier Dyens (OD) pour qualifier le mouvement qui pousse les lecteurs à s’engager dans un rôle plus actif pour contribuer à la conversation qui se trame sur le web, entraînant une remise en question du statut d’autorité traditionnellement associé à la figure de l’auteur. Ce principe démocratique de structuration de la Toile (c’est ce que signifie web en anglais) n’est pas sans analogie avec la notion de stigmergie, qu’OD illustrait dans son livre (et lors de la causerie, MVR s’est chargé de nous l’expliquer) par la façon dont la toile de l’araignée se construit. D’ailleurs, OD a aussi utilisé cette notion d’élan pour exprimer la manière dont il envisageait que pouvait se faire le lien entre la discontinuité des organes composant nos corps et la spécificité des comportements témoignant de la présence d’une conscience. Même s’il a bien exprimé ne pas croire en l’existence séparée d’une âme de quelque façon que ce soit. Pour revenir à la question que j’attribue à Laurent Lavoie (voyez dans le récit de la soirée comment je l’ai rencontré suite à la causerie), elle portait sur les implications de l’adoption d’une posture nominaliste et strictement déterministe à la manière d’OD (je ne suis pas sûr qu’OD serait d’accord). Il lui faisait remarquer (en d’autres termes) que si on rejette la souveraineté de l’esprit sur le corps et que l’on refuse à l’âme le pouvoir de gouverner les passions, on devient impuissants face a l’immoralisme. Les tenants de la permission d’abuser des autres pourraient se justifier de cette philosophie physiciste pour dénoncer tout effort visant à endiguer les pratiques égoïstes, cautionnant donc dangereusement le rejet des responsabilités et du libre arbitre qui lui est associé. Si OD n’a pas cédé sur le point de la réduction de la conscience à une « propriété émergente », il s’est montré rassurant quant à sa volonté de préserver les principes de l’éthique. Et il a voulu nous démontrer son optimisme à ce niveau, exprimant que si on refusait d’envisager qu’il y a une communauté de « nature » (ou une continuité) entre les animaux et les humains et même entre la matière inerte et le vivant, on se priverait de la possibilité de penser que les beautés de l’art peuvent être attribuables à des conditions qui sont dans la nature. Pour résumer son point de vue à nouveau, il est irrationnel de croire que les réalisations supérieures comme la morale ou l’art sont le fruit de la volonté des agents. On doit apprendre à se placer d’un point de vue détaché pour examiner les rouages de l’univers. Mais on est toujours pris avec un dilemme : vers où orienter l’alampe ?

La logique ébranlée par les conséquences incohérentes de catastrophes proches et lointaines

Car si les malheurs ne sont pas rares dans ce monde et même si on refuse de croire aux miracles, il n’en demeure pas moins que des situations incroyables se produisent bel et bien, souvent lors de catastrophes, évidemment. Voici un exemple illustrant ce que je veux dire (illustrer, une autre des fonctions de l’alampe): Une femme retrouve son chien pendant une interview (Tornade d’Oklahoma) La journaliste demande à la vieille dame : « vous étiez étendue là, parmi les débris ? ». Elle répond : « oui ». La maison et tout le quartier avaient été emportés d’un coup par les tornades qui ont frappé les États-Unis (la ville de Moore, aux abords d’Oklahoma City) cette fin de semaine. Et la vieille dame fait preuve de philosophie lorsque la journaliste lui demande comment elle se sent face à cette éradication de son quartier. Elle répondit, en effet, que « C’est la vie dans la ville ». C’est une région susceptible d’être frappée par les ouragans. Elle avait donc planifié de s’enfermer dans la salle de bains si une alerte était déclenchée… Elle avait son petit chien dans les bras quand c’est arrivé. Elle sentit son banc se soulever, et elle a roulé. Elle n’a jamais perdu conscience et quand elle a ouvert les yeux, il y avait le ciel au-dessus d’elle… et la lumière. Elle a remercié Dieu d’avoir exaucé la première de ses prières. Mais son chien (objet de la seconde) avait disparu. Au moment où l’entrevue atteint ce point. Une personne de l’équipe de journalistes remarque que le chien se trouve juste là. Il n’a rien eu non plus. Est-ce la bienveillance divine qui a protégé ces deux êtres vivants face à la destruction des éléments qui n’a épargné ni béton, ni bois, ni métal ni brique ? Le bilan, en termes de victimes humaines, de la destruction de cette banlieue de la métropole de l’Oklahoma, état situé dans le Centre-Sud des États-Unis, a été revu à la baisse mercredi, et se chiffrerait à 64 personnes décédées et 4 disparus. [D’autres sources parlent plutôt de 24 morts, incluant 9 (ou 7? ou 10?) enfants]. Sur plus de 40 000 personnes résidant dans ce secteur gravement dévasté, cela fait bien peu. Même si c’est toujours trop, on s’en réjouit. Évidemment quand on pense aux plus de 1000 victimes de l’effondrement d’un seul immeuble au Bengladesh, la disproportion semble incompréhensible. Et encore là il y a avait eu un cas de « miraculée ». Reshma a survécu pendant 17 jours avec 4 biscuits et de l’eau de pluie. Ces histoires de survivants à des catastrophes nous touchent car elles rejoignent la question de l’espoir. Mais on peut les interpréter différemment, selon qu’on est croyant ou pas. Continuer la lecture de À masques découverts